Le régime méditerranéen est multiple
C’est déjà un préalable : même si on en parle au singulier, on enreconnaît plusieurs types. Les régimes méditerranéens correspondantà des styles alimentaires de diverses régions oudifférents pays du pourtour méditerranéen, cela induit cettehétérogénéité. En effet, il existe des différences entre les alimentationstraditionnelles de l’arrière-pays niçois, de Sicile, deSardaigne, de Crète, de Croatie, d’Albanie, de Grèce, de Turquie,du Liban, d’Israël, d’Égypte, de Lybie, de Tunisie, d’Algérie, de larégion berbère, du Maroc, d’Espagne… Le plus célèbre était lerégime crétois. Cela étant, qu’y a-t-il de commun entre eux ?
Un régime à la loupe
Les chercheurs ont identifié les aliments de l’alimentation originelle ettraditionnelle associée à un bénéfice santé. Puis, ils ont défini desscores de « régime méditerranéen » qu’ils ont ensuite validés dansd’autres études épidémiologiques ou expérimentales. Il est apparu quel’adhésion à une alimentation méditerranéenne est associée à unediminution du risque de maladie cardiovasculaire, de diabète etd’obésité, d’ostéoporose, de dépression, de déclin cognitif lié à l’âge,de maladies rhumatismales inflammatoires, de certains cancers…Par ailleurs, le régime méditerranéen a été testé dans des études d’interventionoù un groupe de personnes suivant cette alimentation étaitcomparé à un groupe ne la suivant pas ou suivant des recommandationsrestrictives (moins de graisses, de calories…). Les résultats ontété spectaculaires non seulement sur le plan des analyses biologiquesmais aussi de la santé, comme pour le cancer du sein, et encore unefois au niveau de la santé cardiovasculaire et du déclin cognitif lié àl’âge, notamment.
Les scientifiques ont donc construit des scores permettant de calculerl’adéquation des pratiques alimentaires avec le régime méditerranéen.Ils ont aussi réalisé des adaptations locales, non méditerranéennes, enrespectant les grands principes mais en utilisant des ressources alimentaireslocales, avec un régime « méditerranéen » scandinave ounordique, américain, canadien, qui en intègre et en respecte lesgrandes lignes.
Nul n’est (plus) prophète en son pays
Si sa réputation n’est plus à faire, cela ne veut pas dire pour autant quedans les pays du pourtour méditerranéen tout aille bien. En effet, on voitapparaître aujourd’hui, dans les classes moyennes ou aisées, la junk food(hamburgers, kebab, frites, mayonnaise, pain blanc, chips, friandises,crèmes glacées…), une alimentation de transition, intermédiaire entre latradition et l’alimentation occidentale (beaucoup de viande, de produitstransformés, trop d’aliments sucrés, raffinés, des boissons sucrées…),associée à des situations de déficit voire de carences dans les populationspauvres, rurales ou urbaines. En France, il reste des reliquats et des pochesd’alimentation méditerranéenne, mais celle-ci tend à s’estomper voire àdisparaître, ce qui est dommage. Si le régime méditerranéen est doncrelativement abandonné, ce n’est pas parce qu’il est dépassé, loin de là,mais en raison d’autres facteurs bien étrangers à la santé.