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La rainette prédit-elle la météo ?


La Rainette sarde (Hyla sarda) est la seule rainette présente en Corse. In natura. - © Françoise Serre Collet

Longtemps, les rainettes ont été considérées comme des baromètres, indiquant la pluie et le beau temps. On prétendait que l’animal, enfermé dans un bocal, avec un fond d’eau et muni d’une échelle, en gravissait les barreaux pour annoncer l’ensoleillement ou restait dans l’eau lorsque le temps était humide.

Une fausse étymologie est d’ailleurs liée à cette fable :« baromètre » viendrait du barreau sur lequel elle se tiendrait, soit « barreau maître », alors qu’en réalité, le mot vient de baros (« lourdeur, pesanteur » en grec) et metron (« mesure »).

La légende serait née de propos tenus en 1863 par Auguste Duméril, titulaire de la chaire d’Herpétologie au Muséum national d’histoire naturelle : « Les grenouilles des arbres, ou rainettes, annoncent la pluie par leurs coassements, on peut se faire un hygromètre ou un baromètre vivant en mettant un de ces animaux dans un vase où l’on a soin de lui donner de l’eau et des insectes pour sa nourriture. On pourrait ainsi le conserver jusqu’à sept années consécutives. Dans leur prison de verre munie d’une petite échelle, leur ascension indique que le temps sera sec. »

Plus proche de nous, le bulletin météorologique d’Europe 1 laissait entendre avec humour que les prévisions d’Albert Simon, célèbre présentateur météo de1958 à 1986, provenaient d’une rainette dans un bocal ! En 1974, la chanson de Carlos Señor Météo y fait référence : « Ma grenouille est malade/et elle n’a plus vingt ans/Le soleil est en rade/elle avait annoncé du beau temps. » C’est bien connu, la grenouille, la rainette sont synonymes de milieux aquatiques et de pluie. Ne chante-t-on pas : « Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille » ?

Rainette méridionale (Hyla meridionalis) postée sur une échelle dans un bocal... très fugacement pour une figuration mythique ! - © Françoise Serre Collet

Des espèces adaptées à leur environnement
Certes, les amphibiens sont très sensibles aux conditions météorologiques, mais pas au point d’indiquer le temps à venir ! Comme tous les êtres vivants, ils ont besoin d’eau, et certaines espèces plus que d’autres. En effet :

  • leur développement larvaire et leur vie s’y déroulent (Grenouilles vertes) ;
  • leur développement larvaire se passe dans l’eau, mais les adultes ont une existence terrestre (crapauds) ;
  • leur développement larvaire et leur vie ont lieu en dehors de l’eau (salamandres alpines).

Les amphibiens ne boivent pas, ils se désaltèrent grâce à l’eau passant par leur peau fine et perméable. L’hygrométrie de l’air ne doit pas descendre en dessous d’un minimum qui est variable selon les espèces. Ainsi, le Spélerpès de Strinati (Speleomantes strinatii), un urodèle du sud-est de la France, n’a pas de poumon. Il respire uniquement par la peau et par l’intermédiaire de la muqueuse buccale, ce qui exige une hygrométrie de l’air supérieure à 75 %. Certains amphibiens s’enterrent pendant les périodes sèches. Les grenouilles des déserts du sud-ouest de l’Amérique du Nord (Scaphiopus couchii) entrent en estivation et peuvent ainsi résister à des pertes d’eau allant de 40 à 50 % du poids de leur corps, leur activité saisonnière étant strictement régulée par les précipitations estivales.

Les amphibiens ne se rencontrent donc pas que dans les milieux humides, même s’ils y sont abondants. On en trouve dans des milieux secs, voire subdésertiques. Ceux-là se sont adaptés, avec un corps dont la peau épaisse, riche en glandes, permet une meilleure résistance à la dessiccation, et avec des tubercules (sortes d’excroissances) importants au niveau des orteils, qui les aident à s’enfouir pendant la saison chaude. Citons le genre Breviceps, notamment B. macrops, endémique d’Afrique du Sud et de Namibie (Namaqualand). Appelé aussi rain frog en anglais (grenouille des pluies), l’animal s’enterre à 10-20 cm dans les dunes, le sable étant humide à ces profondeurs. Les sorties se font de nuit et la fécondation est interne sans développement aquatique.

D’autres espèces ont une vie totalement aquatique qui se traduit par des palmures aux orteils, une peau très lisse et glissante, des yeux placés sur le dessus de la tête comme chez le genre Xenopus, et notamment chez le Xénope lisse (X. laevis).

D’autres encore se sont affranchies de la vie au sol et sont devenues arboricoles, fréquentant des strates plus ou moins élevées dans la végétation grâce à l’allongement de leurs membres et aux pelotes adhésives du bout de leurs doigts et orteils. Certaines de ces espèces ne descendent jamais au sol et se reproduisent dans les cœurs des plantes remplis d’eau ; c’est le cas de la Rainette Kunawalu (Trachycephalus resinifictrix).

Cet extrait est issu de l'ouvrage :

50 idées fausses sur les amphibiens
50 idées fausses sur les amphibiens
Dans la classe des amphibiens, chez les Crapauds, je voudrais… le grand-père, qui explose quand on le fait fumer, le père, compagnon de ma sorcière préférée, et le fils, prince charmant métamorphosé. Donnez-moi aussi la grand-mère Grenouille, toujours dans son bénitier, la mère Rainette, pour connaître la météo, et la fille Salamandre, créature des flammes…
Ce livre nous embarque pour un tour de France et du monde des mythes qui ont nourri nos représentations de ces animaux, et des idées fausses qu’ils recèlent. En les démystifiant, l’auteure nous permet de mieux connaître la biologie, l’écologie et le comportement des anoures, urodèles et apodes qui composent le groupe des amphibiens, actuellement le plus exposé de tous à l’extinction. 
À travers 50 fiches de vulgarisation, elle nous fait découvrir des espèces qui suscitent l’intérêt de la recherche dans divers domaines : la longévité inexpliquée du Protée anguillard, les soins parentaux des Dendrobatidés à leurs têtards, mais aussi la nature spéciale de la salive des anoures, le compas lunaire permettant aux urodèles de se repérer ou la protection antigel de certains amphibiens, et jusqu’aux vertus étonnantes du venin de certains crapauds.
Plus de 150 photos en conditions naturelles nous initient à la vie sauvage de ces animaux discrets, aux morphologies très variées.
 
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