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L’accouplement animal sous toutes ses facettes !


Les chimpanzés utilisent la position ventroventrale, qui accessoirement permet aux deux partenaires de se regarder dans les yeux. - © Uryadnikov Sergey - Adobe Stock

Les multiples formes des corps et des organes génitaux des animaux, ainsi que la place variable de ceux‑ci, donnent lieu à des modes d’accouplement très divers.

Dessus, dessous, de côté…
La position d’accouplement la plus fréquente chez les animaux est la position dorsoventrale, avec un partenaire, généralement le mâle, monté sur le dos de la femelle. Chez le hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus), cette position n’est pas évidente à cause des piquants. Quand le mâle a finalement vaincu la résistance de la femelle et que celle‑ci l’accepte, elle se couche, les membres postérieurs étirés vers l’arrière et les piquants abaissés, invitant ainsi le mâle à la couvrir.

A contrario, l’accouplement ventroventral apparaît comme une exception dans le monde animal, bien qu’il soit largement répandu. Très proches de nous, les chimpanzés, les orangs‑outans et les gorilles l’adoptent souvent, ainsi que les dauphins et les paresseux. Bien plus éloignée, la grande douve du foie (Fasciola hepatica), ver parasite du bétail, le pratique dans les canaux biliaires où elle vit. Il a également été signalé chez quelques crustacés comme les homards (Homarus sp.) et les écrevisses (Astacus sp.).L’accouplement de côté, plus acrobatique, semble peu fréquent. Parmi les oiseaux, il s’observe chez quelques perroquets. Il se rencontre aussi parfois chez les dauphins. Parmi les insectes, chez qui les deux positions les plus courantes sont le mâle sur la femelle ou les deux partenaires se tournant le dos, cette position est pratiquée par les cigales et leurs cousins les cercopes. L’accouplement dos à dos se rencontre chez divers groupes d’insectes dont la morphologie s’oppose souvent à la position dorsoventrale ou à la position ventroventrale, notamment les papillons et les punaises.

Du sexe acrobatique !
Les libellules ont l’art des positions peu orthodoxes. L’orifice génital du mâle étant situé sous le ventre, au niveau du neuvième segment de l’abdomen, il est éloigné de son organe copulateur, qui se trouve sur le deuxième segment. De ce fait, l’accouplement s’effectue en deux temps. Le mâle replie tout d’abord son abdomen et met en contact son orifice génital avec son organe copulateur, afin d’y transférer son sperme. Dans un deuxième temps, il saisit le cou de la femelle à l’aide de la pince située au bout de son abdomen. Celle‑ci recourbe alors son abdomen vers l’avant pour accoler son orifice génital, situé au niveau du huitième segment, à l’appareil copulateur du mâle. Le sperme peut désormais être transféré. Les deux partenaires forment ainsi un cœur, particulièrement élégant chez les demoiselles au corps fin et à l’abdomen très allongé.

Chez les libellules, ici des agrions élégants (Ischnura elegans), la forme très allongée de l’abdomen et la position inhabituelle de l’organe copulateur mâle obligent le couple à des contorsions du plus bel effet esthétique puisque les deux corps soudés dessinent un cœur. - © Gailhampshire - Flickr

La limace‑léopard (Limax maximus) est probablement la championne toutes catégories des cascades en accouplement. Après une parade d’approche, les deux partenaires s’enlacent et s’entortillent pour ne faire plus qu’un bloc. À l’extrémité postérieure de chaque animal apparaît alors un gros fil muqueux. Le couple, qui s’est placé en hauteur dans la végétation ou sur un rocher, se trémousse pour se détacher de ce support. Il tombe dans le vide, suspendu aux fils muqueux, qui peuvent atteindre 40 cm de longueur et qui s’entortillent. L’accouplement a lieu ainsi, tête en bas et en oscillant dans le vent. L’affaire terminée, l’un des deux animaux se laisse tomber, tandis que l’autre remonte le long du fil muqueux, qu’il mange lorsqu’il en a atteint l’extrémité.

L’avantage des fécondations multiples
S’accoupler avec un seul partenaire ou plusieurs ? Cette problématique dépend des stratégies reproductives. Les espèces formant des couples pour élever les jeunes ont tendance à privilégier la fidélité et un seul partenaire. Celles ne s’occupant pas de leur progéniture recourent plutôt à des fécondations multiples. Cela maximise les chances de rencontrer le meilleur partenaire possible, donc d’avoir une descendance abondante et de qualité.

Lorsque le serpent‑jarretière (Thamnophis sirtalis), une couleuvre nord‑américaine, sort d’hibernation, la femelle émet aussitôt un cocktail de phéromones attirant un grand nombre de mâles. Elle peut ainsi pratiquer des accouplements multiples et varier le profil génétique de sa descendance.

Les mâles dominants d’éléphants de mer doivent avoir une santé de fer. En effet, il leur faut se battre régulièrement pour maintenir à un rang inférieur leurs concurrents, et s’occuper de leur harem, c’est‑à‑dire s’accoupler avec des femelles dont le nombre peut monter jusqu’à 300 pour les plus performants !

L’émission de phéromones d’une femelle de serpent‑jarretière a attiré les mâles des environs et provoqué cette mêlée. - © Jon Fife - Flickr

Ces fécondations multiples sont également fréquentes chez les espèces sociales. Les reines d’abeilles et de fourmis ne s’accouplant qu’au tout début de leur vie adulte et devant pouvoir pondre des œufs fécondés durant plusieurs années, il faut qu’elles accumulent une réserve de sperme importante qui dépasse la capacité de production d’un seul mâle.

Le rat‑taupe nu (Heterocephalus glaber), qui vit dans le Nord‑Est de l’Afrique, doit son nom à ses mœurs souterraines. Son organisation sociale, unique chez les mammifères, rappelle celle des insectes sociaux. Chaque terrier est occupé par une colonie de 30 à 100 individus. Seule la reine, femelle la plus lourde et de plus haut rang, peut se reproduire. Pour cela, elle inhibe la production des hormones sexuelles chez ses sujets, à l’aide de phéromones qu’elle libère dans son urine. Les mâles sont divisés entre ouvriers, qui travaillent comme les autres femelles, et non‑ouvriers, parmi lesquels se recrutent les membres du harem de la reine.

Aller vite ou prendre son temps
La durée de l’accouplement est très variable, de l’ordre de quelques minutes, en général, à quelques heures comme chez le putois, et même quelques jours voire quelques semaines chez de rares insectes. Le record de durée appartient à un couple de phasmes observé en captivité : il a duré cinq mois ! À côté de cela, les oiseaux se contentent de copulations de quelques secondes.

Les pieds‑en‑bêche (Scaphiopus sp.) du désert du Sonora, en Amérique du Nord, comptent parmi les éjaculateurs les plus précoces. Ces petits crapauds réalisent l’exploit de vivre dans un milieu où l’eau est quasiment absente. Les rares fois où il pleut à verse, des flaques et des mares se forment à la surface du sol, incapable d’absorber rapidement l’eau. La nuit, des crapauds sortent alors de toute part et se rassemblent dans ces trous d’eau. La reproduction devient une course de vitesse ne supportant pas de préliminaires. Les mâles se précipitent sur tout ce qui bouge. Si c’est un autre mâle, il crie, et son harceleur le lâche aussitôt. Si le partenaire reste silencieux, c’est une femelle. Il reste fermement accroché à elle, pour féconder les ovules qu’elle ne tarde pas à pondre. Avant le lever du jour, tout est fini. Les crapauds s’enterrent alors dans la terre fraîche à l’aide des tubercules cornés qu’ils portent sur les pieds et qui leur valent leur nom.

 

Cet extrait est issu de l'ouvrage :

L'art d'être amoureux chez les animaux
L'art d'être amoureux chez les animaux

Chez les animaux qui se reproduisent à deux, la relation amoureuse représente une succession d’étapes. D’abord, il faut trouver le bon partenaire, capable d’avoir des descendants nombreux et vigoureux. Ensuite, le convaincre d’accepter l’accouplement. Tout un art de la communication est mis en œuvre à cet effet : cris, chants, émission d’hormones et de phéromones, offrande de cadeaux, parades, combats ritualisés…

Outre des caractères sexuels secondaires bien connus du grand public, comme les couleurs nuptiales arborées par beaucoup d’oiseaux, ce livre présente une étonnante panoplie de moyens déployés par les animaux pour séduire un(e) partenaire et pour promouvoir ses propres gènes dans sa descendance. Enfin, chez certaines espèces, des techniques d’entretien de la relation permettent d’apaiser les conflits potentiels dans le couple. 

À tous les stades du comportement reproducteur, les stratégies des animaux, des ruses et tricheries innombrables jusqu’au parasitisme, en passant par la prédation, font de leur vie amoureuse une curiosité naturaliste passionnante : lucioles mimant le code lumineux des mâles d’une autre espèce pour les manger, oiseaux, poissons ou animaux marins imitant l’apparence de l’autre sexe, voire changeant carrément de sexe, libido de groupe chez les flamants, pratiques homosexuelles chez maints groupes animaliers, sans parler de bizarreries évolutives et d’organes copulatoires insolites.

À partir des connaissances scientifiques à jour sur le sujet, ce panorama de l’amour chez les animaux, illustré par 150 photos de scènes et d’espèces variées, nous fait découvrir l’inventivité de leur sexualité.

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