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Les parfums de l'amour


L’isabelle (Graellsia isabellae) est un superbe papillon de nuit vivant dans le sud‑ouest des Alpes et les montagnes du centre de l’Espagne. Le mâle, à gauche, se reconnaît à ses larges antennes, capables de détecter de loin une femelle. - © Georges Lopez/Biosphoto

Le monde odorant des animaux est rarement accessible à l’être humain, notre équipement sensoriel étant bien peu performant dans ce domaine. Pourtant, il joue souvent un rôle crucial dans la rencontre des partenaires sexuels.

L’exemple le plus remarquable est certainement celui des papillons actifs la nuit, chez qui cette rencontre se fait uniquement par l’odorat, pour la plupart des espèces. Les femelles vierges émettent en quantité infime dans l’air une molécule, spécifique à chaque espèce. Les mâles sont capables non seulement de capter cette odeur, parfois à plusieurs kilomètres de distance par vent favorable, mais aussi de détecter la direction de sa source. Ils peuvent ainsi rejoindre la femelle en volant.

Le pouvoir de l’urine
Dans le petit monde des mammifères, l’urine joue un rôle capital dans la rencontre des sexes, car c’est un vecteur privilégié des phéromones. Par exemple, chez la girafe (Giraffa camelopardalis), le mâle hume la flaque d’urine laissée par une femelle afin de vérifier l’état hormonal de cette éventuelle partenaire. Chez les lièvres (Lepus sp.) et les lapins (Oryctolagus sp.), le mâle attiré par une femelleen chaleur l’excite en exhibant son ventre blanc, en bondissant par‑dessus elle et en envoyant un jet d’urine. La communication par l’urine est indispensable chez les espèces vivant en solitaire et restant discrètes, comme le léopard (Pantherapardus) ou les ours (Ursus sp.), dont les femelles envoient des jets d’urine sur le sol ou la végétation comme marques odorantes à destination des mâles.

Certaines substances odoriférantes d’origine végétale ressemblent à des phéromones et produisent des réactions sexuelles chez certains animaux qui lessentent. L’attirance qu’exercent sur les félins de toute taille la valériane (Valeriana officinalis) et l’herbe aux chats (Nepetacataria) est bien connue. L’odeur de ces plantes incite les chattes(Felis catus) à se rouler sur le sol et à se frotter le museau commeelles le font lorsqu’elles sont en chaleur et qu’elles sentent l’urine d’un mâle non castré. De même, la truffe émet une odeur proche de celle du verrat en rut. C’est pourquoi les truies (Sus scrofadomesticus) sont particulièrement efficaces pour détecter ce champignon souterrain, et souvent dressées à cet effet.

Bonds en l’air et jets d’urine, la parade du lièvre d’Europe (Lepus europaeus) est agitée et spectaculaire. - © Duncan Usher/MindenPictures/Biosphoto

Phéromones au fil de l’eau
L’eau, comme l’air, est un excellent vecteur de molécules chimiques. Il n’est donc pas étonnant que les poissons recourent également à des phéromones au moment de la reproduction. Chez les corydoras (Corydoras sp.), des poissons tropicaux d’eau douce appréciés des aquariophiles, chaque individu produit des phéromones à la saison de reproduction. Toutefois, pour stimuler réellement ces poissons, l’eau doit contenir une concentration minimale de ces phéromones. Si ce n’est pas le cas, par exemple si les individus rassemblés pour se reproduire ne sont pas assez nombreux, la reproduction échoue. Les éleveurs de ces espèces le savent bien, eux qui doivent adapter le volume de l’aquarium au nombre de poissons qui s’y trouvent.

Les truites arc‑en‑ciel mâles adultes sont attirées par l’eau provenant de l’amont, où des congénères fraient. Ce sont les sécrétions ovariennes des femelles qui jouent ce rôle attractif. Le mâle de la barbotte brune(Ictalurus nebulosus), un poisson‑chat américain, détecte à l’odeur les femelles prêtes à pondre. Cette particularité est exploitée par les pêcheurs du Mississippi, qui placent comme appât dans leurs nasses des femelles en période reproductrice.

Chez le poisson rouge (Carassius auratus), l’obstruction des narines du mâle ou la section de ses nerfs olfactifs suppriment presque toute réaction devant une femelle prête à pondre, ce qui prouve le rôle crucial de l’odorat dans la reproduction de cette espèce. Il existe enfin des espèces chez lesquelles c’est le mâle qui émet une phéromone sexuelle. C’est le cas de la blennie paon (Blenniuspavo), dont les glandes sécrétrices se trouvent au niveau de la nageoire anale.

La truite arc‑en‑ciel (Oncorhynchus mykiss), à la fois marine et d’eau douce en Amérique du Nord d’où elle est originaire, ne se trouve qu’en eau douce en Europe où elle a été introduite pour la pêche. - © Michael Quinton/Minden Pictures/Biosphoto

Cet extrait est issu de l'ouvrage :

L'art d'être amoureux chez les animaux
L'art d'être amoureux chez les animaux

Chez les animaux qui se reproduisent à deux, la relation amoureuse représente une succession d’étapes. D’abord, il faut trouver le bon partenaire, capable d’avoir des descendants nombreux et vigoureux. Ensuite, le convaincre d’accepter l’accouplement. Tout un art de la communication est mis en œuvre à cet effet : cris, chants, émission d’hormones et de phéromones, offrande de cadeaux, parades, combats ritualisés…

Outre des caractères sexuels secondaires bien connus du grand public, comme les couleurs nuptiales arborées par beaucoup d’oiseaux, ce livre présente une étonnante panoplie de moyens déployés par les animaux pour séduire un(e) partenaire et pour promouvoir ses propres gènes dans sa descendance. Enfin, chez certaines espèces, des techniques d’entretien de la relation permettent d’apaiser les conflits potentiels dans le couple. 

À tous les stades du comportement reproducteur, les stratégies des animaux, des ruses et tricheries innombrables jusqu’au parasitisme, en passant par la prédation, font de leur vie amoureuse une curiosité naturaliste passionnante : lucioles mimant le code lumineux des mâles d’une autre espèce pour les manger, oiseaux, poissons ou animaux marins imitant l’apparence de l’autre sexe, voire changeant carrément de sexe, libido de groupe chez les flamants, pratiques homosexuelles chez maints groupes animaliers, sans parler de bizarreries évolutives et d’organes copulatoires insolites.

À partir des connaissances scientifiques à jour sur le sujet, ce panorama de l’amour chez les animaux, illustré par 150 photos de scènes et d’espèces variées, nous fait découvrir l’inventivité de leur sexualité.

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