Animaux nocturnes et discrets, les chauves-souris seraient, selon la croyance populaire, avides de sang et associés à des vampires. Qu’en est-il en vérité ?
Il s’agit certainement du préjugé le plus répandu sur nos mammifères volants après l’accrochage dans les cheveux. Cependant, si personne n’oublie de poser la question quand le sujet des chiroptères est abordé, pas grand monde ne semble y croire sérieusement. Les chauves- souris qui seraient des vampires, c’est de la légende ! Aucune de nos chauves- souris européennes n’aurait l’idée ou la possibilité de sucer le sang de ses victimes. Les chauves- souris de nos régions sont strictement insectivores pour la plupart et exceptionnellement consommatrices de poissons ou d’oiseaux. Mais en regardant au-delà de nos frontières, si les chauves- souris ne sont pas des vampires, les vampires, eux, sont bien des chauves- souris !
Cela concerne trois espèces : le vampire commun (Desmodus rotundus), le vampire à pattes velues (Diphylla ecaudata) et le vampire à ailes blanches (Diaemus youngi). Ce sont des chauves- souris d’Amérique du Sud et Centrale dont les dents (incisives et canines) aussi tranchantes que des lames de rasoirs permettent à l’animal de blesser ses victimes sans qu’elles s’en rendent compte (des oiseaux, des chevaux ou des vaches d’élevage le plus souvent, exceptionnellement… l’homme). Le vampire lèche alors le sang qui perle, d’autant plus que la salive du vampire possède des propriétés anticoagulantes. Pas de quoi être très effrayé toutefois, l’animal ne fait que 9 cm pour une trentaine de grammes et il ne prélève en une nuit qu’une vingtaine de millilitres de sang. En plus, c’est un animal sympathique et altruiste qui, au sein de colonies très soudées et riches parfois de plusieurs centaines d’individus, n’hésite pas à partager son butin (en régurgitant le sang qu’il a absorbé) avec ses congénères moins chanceux que lui qui n’auraient pas trouvé de proies.
Le problème des vampires ne vient pas du fait qu’ils absorbent un peu de sang mais qu’ils transmettent des maladies dont la rage. Il a été évalué à près de 100 000 têtes de bétail qui meurent chaque année du fait d’épidémies transmises par les vampires en Amérique du Sud. La substance anticoagulante de la salive des vampires, la desmoteplase, est étudiée car elle pourrait être utilisée en médecine, en particulier pour limiter les séquelles des accidents vasculaires cérébraux.
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