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Écureuil : lutin des bois

Avec sa silhouette agile et sa queue en panache, l’écureuil roux fait partie des animaux les plus familiers de nos forêts. Pourtant, derrière cette image attendrissante se cache un mode de vie bien particulier, parfaitement adapté à la vie arboricole. Découvrons les secrets de cet habitant discret mais essentiel de nos écosystèmes.

Écureuil : lutin des bois

En hiver, le pelage est plus sombre et beaucoup plus dense qu’en été. Immobile sur un tronc ou sur une grosse branche, un écureuil inquiet peut passer inaperçu. - © S.R. Miller/Adobe Stock

 

L’écureuil roux (Sciurus vulgaris) est facilement reconnaissable à sa silhouette familière. Il peut tenir sa nourriture serrée entre ses paumes, mais sa main n’est pas préhensile, c’est-à-dire qu’elle ne peut faire pince avec le pouce pour tenir un objet ou se cramponner à un support. Vrai arboricole, il circule d’arbre en arbre par les frondaisons et descend d’un tronc la tête la première. Néanmoins, on le voit régulièrement à terre.

L’écureuil roux est présent dans tout l’Hexagone (mais absent en Corse), de la mer jusqu’à 2 200 m d’altitude dans les Alpes, là où la végétation boisée est suffisamment étendue: chaque individu a besoin en moyenne de 4 ha de forêt. Dans l’ouest, le bocage arboré lui convient. Il peut devenir familier dans certains parcs urbains et visite aussi les jardins et les vergers. Son habitat privilégié reste toutefois la forêt, qu’elle soit mixte ou composée seulement de conifères ou d’arbres à feuilles caduques.

 

Une vie dans les arbres

Les écureuils marquent les bornes de leur domaine vital (tronc, branche, souche) grâce à des glandes situées sur leurs joues ou par leur urine. L’écureuil roux cherche volontiers une partie de sa nourriture sur le sol, mais il s’expose alors à certains dangers. La route le tue trop souvent. Et le fractionnement de son habitat augmente le nombre de situations à risque. Diurne, actif toute l’année, l’écureuil roux se construit un nid de feuilles et de mousses haut dans un arbre, plutôt appuyé le long du tronc, mais il peut aussi utiliser un ancien nid d’oiseau, un trou dans un tronc, voire les combles d’une maison calme. Ce nid sert d’abri pour affronter les intempéries ou pour lutter contre les basses températures hivernales. C’est également le lieu de mise-bas et d’élevage des jeunes pour les femelles.

Les individus sont plutôt solitaires, mais les mâles recherchent activement les femelles lors de la saison de reproduction, de décembre à août selon les climats et les années. Les courses-poursuites dans les arbres sont assez spectaculaires et souvent bruyantes. Plusieurs mâles peuvent courtiser la même femelle, et le même mâle peut s’accoupler avec plusieurs femelles. Les écureuils communiquent entre eux à vue, mais utilisent aussi les cris et les odeurs.


Des facteurs démographiques mal connus

Les portées sont le plus souvent de 3 ou 4 nouveau-nés. Le taux de survie à 1 an n’atteint pas 25 % mais dépasse 50 % les années suivantes. Les petits acquièrent leur taille adulte à 1 an et leur maturité sexuelle entre 1 et 2 ans. La longévité en nature peut atteindre 7 ans, 10 en captivité.

Existe-t-il des cycles de population de quelques années chez l’écureuil roux européen ? Lors de certaines années, ces animaux sont nombreux, faciles à voir ; à d’autres, ils semblent presque avoir disparu. Une étude récente en Finlande apporte une réponse propre aux forêts boréales. En suivant les traces d’écureuils dans la neige pendant 29 années consécutives, les biologistes ont constaté que l’on peut associer positivement les variations d’abondance des écureuils, celle des cônes d’épicéa commun (Picea abies) et même celle de ses deux principaux prédateurs, la martre des pins et l’autour des palombes (Accipiter gentilis). Ces fluctuations se retrouvent de manière synchrone sur de très grandes distances, plusieurs centaines de kilomètres. Cette homogénéité temporelle dépend essentiellement de la production de cônes d’épicéa. Le fractionnement de l’habitat dans les forêts mixtes tempérées ne permet pas de retrouver ces corrélations.


Un appétit d’écureuil

Cherchant volontiers une partie de sa nourriture au sol, l’écureuil roux s’expose aux dangers de la circulation routière, aux renards (Vulpes vulpes), aux chiens et aux chats domestiques. Il consomme des fruits, des bourgeons, des graines de conifères, des fruits secs (glands, faînes, noix, noisettes, etc.), des fleurs, des champignons, des lichens. Son comportement de cache de fruits secs dans un abri souterrain est bien connu. Un seul individu peut en enterrer plusieurs centaines en prévision de la mauvaise saison à venir. Une partie des caches est sans doute mémorisée ; une autre est plutôt retrouvée au hasard des déplacements, car les écureuils empruntent régulièrement les mêmes circuits. Mais ils oublient ou ne consomment pas la dernière partie, ce qui représente une source de régénération pour la forêt. La part animale de leur régime alimentaire (insectes, parfois œufs et oisillons) est faible. Enfin, ils peuvent ronger l’écorce des arbres, particulièrement en hiver, pour consommer le riche cambium sous-jacent. Cela n’est pas pour plaire aux forestiers, mais engendre rarement des dégâts sérieux, vu les densités de l’espèce.

Cet extrait est issu de l'ouvrage :

Nature sauvage - Rencontre avec les mammifères de France et d’Europe

Par François Moutou

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