Chez les fourmis, comme chez les abeilles ou les guêpes, les femelles sont divisées en deux castes principales dont la morphologie diffère : la femelle reproductrice, souvent unique, est habituellement une reine.

Elle est de grande taille, son abdomen est renflé car il contient des ovaires développés et son thorax volumineux a contenu les muscles du vol. Les autres femelles, nombreuses, sont nettement plus petites. Leur thorax est étroit mais surtout leur abdomen est réduit car il ne contient que des ovaires minimes et non fonctionnels. Ce sont les ouvrières, très habituellement stériles chez les espèces de nos régions. Ce partage des rôles au niveau de la reproduction est la clé de voûte du système social des fourmis. Aux unes, les reines, revient la responsabilité de la reproduction, aux autres, les ouvrières, reviennent les tâches de nourrissage des larves et de la reine, la récolte des aliments, la construction d’un nid et de sa défense. Autant de tâches qui vont donner lieu à des spécialisations parfois liées à des morphologies particulières constituant autant de sous-castes. Dans une telle fourmilière, les mâles sont absents. Ou plus exactement, ils n’apparaissent qu’épisodiquement, au moment de la reproduction. Leur rôle social étant nul, on peut qualifier la fourmilière de société matriarcale.

L'amour donne des ailes
Dans nos régions tempérées, tout commence lors d’une belle soirée d’été chaude et sans vent, par une agitation insolite aux abords de la fourmilière. Apparaissent alors autour de l’orifice des nids, des ouvrières tirant ou poussant frénétiquement des individus ailés. Ceux-ci sont les reproducteurs de la société, c’est-à-dire des femelles et des mâles, ces derniers étant d’ailleurs bien plus petits que les femelles. Ces individus ailés ne sont pas des fourmis d’une espèce particulière comme certains le croient parfois (les « fourmis volantes »), mais tout simplement les porteurs d’ovules et de spermatozoïdes. Il arrive que ces fourmis volantes soient tellement nombreuses qu’elles perturbent les soirées barbecue et les soupers en amoureux sur les terrasses et dans les jardins, suscitant interrogation ou dégoût ! Les femelles ailées ou gynes portent les espoirs de la société qui les a élevées. L’excitation des ouvrières qui les poussent hors du nid est due à l’émission de phéromones sexuelles tantôt par les gynes tantôt par les mâles. Les phéromones vont intervenir souvent dans la vie de la fourmilière. Retenons que ce sont des substances chimiques synthétisées par des glandes et stockées dans des réservoirs qui transforment les fourmis en usines chimiques ambulantes. Libérées dans l’air ou déposées sur le sol, elles modifient au sein d’une même espèce la physiologie ou le comportement de l’individu qui les perçoit.