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Quand les insectes offrent des cadeaux pour s'accoupler


Pour « occuper » la femelle pendant l’accouplement, le mâle de la mouche Empis lui a offert une proie qu’elle est en train de déguster. -  © Nikk - Flickr

Beaucoup d’insectes ont un comportement policé quand ils souhaitent s’accoupler. Ils manifestent leur désir par un comportement de cour très stéréotypé.

Chez le grillon, il existe trois chants différents. Le plus bruyant, entendu jusqu’à 50 m, est un chant d’appel. Le mâle se place à l’entrée de son terrier et stridule pour attirer une femelle. Si la femelle s’approche, le mâle change de vocabulaire sonore et exécute un chant de cour destiné à la convaincre d’accepter un accouplement. Le troisième chant, agressif, est utilisé lors des confrontations entre mâles rivaux. Chaque individu ne produit qu’une seule note, plus ou moins haute et dépendante de son poids. Les gros mâles, en principe les plus sexys, car présentant des caractères génétiques de robustesse appréciés des femelles, ont une hauteur de chant plus riche en basses fréquences. Les femelles y sont sensibles et se dirigeront vers eux.

Le chant de cour de la mouche du vinaigre n’est pas audible pour une oreillehumaine. Pour l’interpréter, le mâle étend une aile à l’horizontale et la fait vibrercontre la tête de la femelle. Les vibrations, à raison de 30 par seconde, se répartissenten deux ensembles : un chant d’amour, sorte de frou-frou rapide commeune caresse auditive, et un bourdonnement long et doux qui augmente la réceptivitéde la femelle.

Pour convaincre une femelle, un cadeau peut être plus efficace qu’une sérénade. Ces cadeaux prennent le plus souvent la forme d’une offrande alimentaire. Les panorpes, les mouches-scorpions, sont d’inoffensifs insectes pour l’homme malgré leur rostre peu engageant et leur appareil reproducteur mâle imitant le dard des scorpions. Les mâles capturent en vol des proies, des diptères surtout, en ciblant les plus grosses. Celles-ci feront office de cadeau, avec à la clé l’assurance d’être accepté par la femelle. Elle dégustera le présent alimentaire pendant que le mâle copule. La durée de l’accouplement est proportionnelle à la taille de la proie offerte, l’idéal étant d’offrir une proie permettant un accouplement d’une durée de 20 minutes, le temps nécessaire à la transmission du lot complet de spermatozoïdes. Puis le mâle récupère le reste du cadeau avant de repartir vers d’autres aventures. Pas très élégant, mais il n’y a pas de pertes ! C’est très adaptatif, car fécondées et nourries, les femelles ne chassent plus : de l’énergie acquise sans effort et en évitant le risque d’être victime d’un prédateur pendant la chasse. Tout le monde y gagne.

Avant de s’accoupler, le mâle de la mouche du vinaigre a exécuté une parade nuptiale en faisant vibrer ses ailes. - © nikjuzaili - Adobe Stock

Les mouches danseuses de la famille des empididés sont aussi coutumières du cadeau nuptial. Les mâles, une proie maintenue entre les pièces buccales, volent en essaim. La femelle vient choisir dans l’essaim le mâle préféré, s’accouple et mange la proie. Il arrive également que le mâle offre la proie emballée dans un ballonnet de soie. C’est très délicat, il n’y manque que le ruban ! Ce qui n’empêche pas la triche : le paquet cadeau contient parfois une proie sèche, immangeable, une graine tout aussi immangeable, voire… rien du tout ! L’emballage est vide. C’est l’intention qui compte sans doute ! La femelle acceptera quand même le cocon de soie et le manipulera en tous sens pendant l’accouplement.

L’offrande n’a pas toujours une valeur alimentaire. Neopyrochroa flabellata est un coléoptère vivement coloré. Le mâle possède une glande céphalique dans laquelle est stockée de la cantharidine d’origine exogène. Dans une sorte de baiser précopulatoire, il en offre quelques gouttes à la femelle. L’effet est immédiat: soumise à l’effet aphrodisiaque de la cantharidine, la femelle accepte l’accouplement. Plus tard, pendant l’ovogenèse, cette substance sera incorporée dans les œufs. Ces derniers deviennent immangeables tant ils auraient mauvais goût. La cantharidine a donc une double action. D’abord aphrodisiaque, elle devient plus tard protectrice des œufs.

Quant aux accouplements des mantes religieuses, carnivores insatiables, ils en ont fait fantasmer plus d’un ! Trente pour cent des rencontres s’achèvent par une scène de cannibalisme. Celle-ci commence parfois même avant la copulation, la femelle dévorant aussitôt la tête du mâle… ce qui n’empêche pas ce dernier de s’accoupler avec succès. Les femelles sont plus ou moins agressives, les plus affamées étant les plus violentes. Les mâles sont d’ailleurs très méfiants. Ils évitent de tenter l’aventure avec une femelle agitée. Le déclencheur du comportement d’évitement semble être visuel, les mâles observant le comportement des pattes ravisseuses des femelles face à une proie potentielle. Si les femelles les regardent, ils s’immobilisent. Puis, par surprise, ils s’accouplent en bondissant brusquement sur leur dos, évitant ainsi d’être désarçonnés. Manifestement ils font tout pour ne pas offrir leur tête en cadeau et servir de repas. Malgré un siècle d’observations, ce cannibalisme n’est toujours pas bien compris. Si l’intérêt pour la femelle semble clair, celui du mâle est encore confus. D’une manière générale, les cadeaux nuptiaux sont un comportement adaptatif avantageux pour les femelles puisqu’ils leur procurent une énergie supplémentaire, donc plus de descendants. Quant aux mâles, c’est une plus grande possibilité de s’accoupler.

Cet extrait est issu de l'ouvrage :

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