Le bouchon, qu’il soit en liège ou non, sert avant tout à obturer, c’est-à-direqu’il doit être étanche.

Le liège, matériau naturel qui constitue l’écorce duchêne-liège, est utilisé depuis l’Antiquité pour l’obturation des amphores.Après une période d’oubli, liée au remplacement des amphores par destonneaux bouchés au moyen de bondes en bois, les bouchons de liège ontété réintroduits au VIIe siècle, accompagnant le développement des bouteillesen verre, et sont rapidement devenus incontournables pour laconservation du vin.

Outre son élasticité qui lui confère une bonne étanchéité, le liège présentel’avantage d’être un matériau durable, d’autant plus qu’il est récolté de nombreuses fois tout au long de la vie de l’arbre. Le bouchon de liège estpar ailleurs réputé pour laisser passer de faibles quantités d’oxygène quifavorisent l’évolution du vin. Cependant, plusieurs études ont montré unetrès forte hétérogénéité des bouchons, la plupart s’avérant très imperméablesà l’air tandis que quelques-uns sont de véritables passoires, au pointque certaines bouteilles présentent des coulures. Notons que le stockagedes bouteilles en position horizontale, en plus d’éviter que le bouchon sedessèche et se rétracte, limite l’apport d’oxygène.

Un autre problème associé au liège est l’apparition du goût de bouchon, liéà la présence du trichloroanisole (TCA), un composé dû à des contaminationsmicrobiennes et qui se détecte même à des teneurs très faibles à ladégustation. La fréquence de ce défaut, ajoutée au coût élevé des bouchonsnaturels, a conduit au développement de solutions alternatives. Toutnouvel obturateur doit être étanche, facile à enlever et à remettre, et peucoûteux, tout en n’apportant aucun contaminant au vin. Les capsules à visremplissent l’ensemble de ces caractéristiques. Introduites dans lesannées 1960, elles ont été très largement adoptées dans certains payscomme l’Australie, mais aussi l’Allemagne, où elles séduisent notammentles jeunes consommateurs par leur praticité. Ces systèmes, du fait de leurbonne étanchéité, sont bien adaptés aux vins qu’on souhaite préserver del’oxydation, notamment les blancs aromatiques, à condition que toutes lesprécautions requises pour minimiser l’apport d’oxygène à l’embouteillageaient été prises. Ils peuvent cependant favoriser l’apparition d’un goût deréduit. De plus, certains consommateurs restent attachés à l’utilisationd’un tire-bouchon, notamment en France.

Les premiers bouchons synthétiques proposés sur le marché étaient difficilesà enlever et à réinsérer du fait de leur faible élasticité, mais aussi trèsperméables à l’oxygène et donc réservés à des vins destinés à êtreconsommés rapidement. Il en allait de même des bouchons en liègeaggloméré, plus souples. D’autres obturateurs synthétiques, plus technologiques,présentant une gamme de perméabilités à l’oxygène biencontrôlées, ont ensuite été développés. Malgré tout, les bouchons en liègerestent encore très largement majoritaires. Au cours de ces dernièresannées, grâce à l’invention d’un traitement permettant d’éliminer le TCA,et en raison de son caractère naturel et durable, le liège connaît un nouvelessor. En particulier, des bouchons de liège de nouvelle génération sontfabriqués à partir de « fleur de liège », obtenue par broyage et traitée auCO2 supercritique pour éliminer les composés responsables du goût debouchon, avant d’être agglomérée à l’aide d’un liant. Ce procédé garantit àla fois l’homogénéité de la perméabilité à l’oxygène et la neutralitésensorielle, et permet une meilleure valorisation du liège récolté, en limitantles chutes.