La forme urbaine actuelle de Paris est un héritage de la ville transformée par le préfet Haussmann pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Cet urbanisme historique reste très présent dans la capitale grâce au classement de nombreux bâtiments, monuments ou espaces publics. De ce fait, les nécessités d’intégration de la biodiversité dans le cadre de l’adaptation de la ville aux changements climatiques sont entravées par des contraintes très fortes.
Les travaux pour assainir et embellir Paris
La première tâche d’Haussmann consiste à intégrer à Paris tout ou partiesdes communes périphériques de la ville. Ainsi, en 1859-1860, il étend laville sur Belleville, Grenelle, Vaugirard et La Villette, et sur une grandepartie d’Auteuil, de Passy, de Batignolles-Monceau, de Bercy, de LaChapelle, de Charonne et de Montmartre.
Il entreprend le percement de voies pour « doter les nouveaux quartiersd’espace, d’air, de lumière, de verdure et de fleurs, ce qui dispense la salubritétout en réjouissant les yeux ». Paradoxalement, cette période detravaux favorise d’abord le paludisme dans Paris. En effet, beaucoupd’ouvriers provenant de régions infectées et donc porteurs de Plasmodiumviennent travailler sur les chantiers. De plus, les nombreux terrassementsdans les quartiers surpeuplés créent des ornières et des flaques dont l’eaucroupissante entraîne la prolifération des moustiques.
Avec l’accord de l’empereur, Haussmann trace des axes principaux. Pourles réaliser, il empiète sur des espaces verts, le jardin du Luxembourgpar exemple, et fait démolir de nombreux bâtiments. Des boulevards etavenues sont percés de la place du Trône (actuelle place de la Nation) àcelle de l’Étoile, de la gare de l’Est à l’Observatoire, et les Champs-Élyséessont aménagés.
Pour les espaces verts, Haussmann s’appuiesur les compétences d’Adolphe Alphand,ingénieur des Ponts et Chaussées, qu’ilnomme à la tête du nouveau service municipaldes Promenades et Plantations. Ensemble, ilsprévoient de nombreux parcs et jardins,notamment le parc Montsouris et celui desButtes-Chaumont. Haussmann veut « desespaces verdoyants, dispensateurs de salubrité,défenseurs de la vie humaine que leurinfluence bienfaisante prolonge, offrant desurcroît des lieux de repos et de plaisance auxtravailleurs et à leur famille » — les objectifsde santé et de paix sociale sont ici clairementaffichés. Il demande à Alphand de faireaménager des squares dans chacundes 80 quartiers de Paris, et de créer, presqueex nihilo, les bois de Vincennes et de Boulogne.Le bois de Boulogne est ainsi le résultat del’annexion de la plaine de Longchamp et duparc de Madrid à une propriété boisée cédéeà la Ville par Napoléon III. Deux lacs sontaménagés, dont l’un déverse le trop-plein deses eaux dans le second par une cascade.Pour leur donner une profondeur suffisante,on élève leur pourtour « au moyen des terresde déblai de leur lit, répandues en talus allongés,gazonnés et plantés. […] Le trop-plein devait alimenter des ruisseaux répandant la fraîcheur et la fertilité dans lesparties les plus basses du Bois, dont l’aridité n’était pas le moindre défaut ».Environ 420 000 arbres de haute tige et arbustes en touffes, essences àfeuilles caduques ou persistantes appropriées à la nature du terrain, constituentles premières plantations. Les coupes d’arbres pour produire du boisd’oeuvre ou de chauffage sont abandonnées, transformant les taillis enfutaies d’où seuls les arbres morts sont prélevés. Le Jardin zoologiqued’acclimatation (1860) est installé pour accueillir des animaux exotiques etles acclimater à des fins agricoles, commerciales ou de loisir.