Le hérisson est un insectivore que tout le monde croit bien connaître ; en réalité il est méconnu de beaucoup. À cet animal s’attachent bien des “on-dit” qui justifient pleinement une mise au point objective.

Première précision : en France, il n’existe qu’une espèce de hérisson, Erinaceus europaeus et non pas, d’une part, “des nez de cochon” et d’autre part, “des nez de chien” : même si l’on peut rencontrer des individus bien différents morphologiquement. L’explication de cette fausse dualité est simple : l’aspect du museau est lié a l’état d’embonpoint de l’animal. Si ce dernier est gras, il présentera une face en groin : ce qui est normalement le cas à l’automne, époque où le hérisson accumule des “provisions pré-hibernation”. Au printemps, ces réserves seront épuisées d’où un réveil avec “un nez de chien” bien plus effilé...Seconde croyance à revoir : le hérisson est insensible au venin de vipère et peut donc être un bon agent de lutte biologique. C’est faux ! Dans la nature, le hérissonne s’attaque qu’exceptionnellement aux serpents même en cas de disette alimentaire. C’est en laboratoire que cette immunité toute relative d’ailleurs (question de dose inoculée) a été mise en évidence.

“Bon, il ne s’attaque pas aux serpents mais croyez-moi, il représente une menace sérieuse pour les poulaillers”. Cette affirmation péremptoire mérite d’être relativisée : s’il est vrai que le hérisson est un mangeur d’œufs, il faut savoir qu’il est dans l’incapacité de casser un œuf de poule. Son attirance vers les poulaillers est réelle mais ses incursions ne sont payantes que si elles déclenchent un phénomène de panique pouvant provoquer le bris d’œufs... dont il se régalera. Sinon, il repartira le ventre vide.

Classé parmi les insectivores, ce mammifère a, en réalité, un régime bien plus éclectique, ce qui le conduit à déguster aussi limaces, escargots et autres vermines peu appréciés des jardiniers. L’espèce est légalement protégée mais veillez vous-même à cet auxiliaire en prenant soin, par exemple, de ne pas mettre le feu à un tas de feuilles, de broussailles avant d’avoir vérifié qu’un ou plusieurs hérissons n’y ont pas cherché refuge.“ Chez cette espèce, l’accouplement doit poser des problèmes épineux”. Non, même si la position adoptée est comme chez la plupart des vertébrés, la position dorso-ventrale. Certes, cet acte ne se réalise pas dans la discrétion mais les nombreux cris qui l’accompagnent font partie du cérémonial spécifique et ne sont nullement liés à la “fourrure” de la femelle...

Le séjour au nid dure environ 21 jours. Le sevrage est un peu plus tardif (un mois).À ce stade, les jeunes de la première nichée se dispersent tandis que, bien souvent, ceux de la seconde resteront groupés et hiberneront en compagnie de leur mère.

Dernière interrogation : “le nouveau-né hérisson a-t-il ou non des piquants ?” Il en a mais... ils sont mous. Ils tombent au bout de 48 heures et laissent la place à des piquants durs et protecteurs.

Piquants par-ci, piquants par-là mais que sont en fait ces piquants ? Tout simplement des poils modifiés dotés d’une forte musculature basale ; ce qui leur permet de se dresser en tous sens. Cette diversité d’orientation accroît très fortement l’efficacité de cette technique de défense et de dissuasion. C’est pourquoi le recours à la fuite n’est guère en vogue chez le hérisson : ce que Dame Nature doit maintenant regretter en raison du développement du trafic automobile contre lequel la “mise en boule” est parfaitement inefficace : si bien que la mortalité sur route est élevée. Savez-vous que ces cadavres ne font pas que le bonheur des pies et des corneilles noires ? Des équipes de chercheurs les exploitent aussi pour pouvoir établir, selon un protocole strict, l’importance et la structure des populations locales survivantes.

Si le hérisson est craintif de nature, il peut, par contre, très vite se familiariser et, mis en confiance, venir chercher sa nourriture dans la main. N’en profitez cependant pas pour trop le cajoler ou plus exactement le cajoler de trop près car tous ces animaux, incapables de se gratter, hébergent un grand nombre d’ectoparasites dont certains pourraient fort bien vous adopter à l’occasion...Le parasitisme est d’ailleurs un facteur important de mortalité naturelle chez cette espèce, le trafic automobile étant, quant à lui, le facteur prépondérant d’accidents non naturels.

Le hérisson, comme tous les insectivores, taupe exceptée, appartient aux espèces protégées. Veillez donc à ne pas en inscrire à votre tableau de chasse ni, si possible, à vos tableaux de bord !

Cet extrait est issu de l'ouvrage :